lundi 30 novembre 2009

Petit à petit...

Petit à petit, dans mon esprit, la Birmanie fait son nid.

Elle est facile, mais pas autant que celle-ci: depuis que j'ai lu la BD de Guy Delisle, Chroniques birmanes, je sens que je me mets à penser "birman" de manière...chronique. On pourrait même dire birmaniaque.

Ce dessinateur est une perle. Après Shenzhen, qui décrivait parfaitement le quotidien chinois, il dépeint Yangon et la vie locale avec un sens du détail et un comique de situation tels qu'on a l'impression d'être dans la case avec lui (cliquez pour agrandir):

Autres extraits (le début): http://www.guydelisle.com/c_birmanes/extrait1.html

Je ne résiste pas non plus à vous montrer sa photo / dessin représentant le site de Bagan (son dessin, et en-dessous, la photo dont il est parti).

http://www.guydelisle.com/c_birmanes/page049.html

Désolée si je me fais un peu l'effet d'être une jeune maman qui présente son gosse à tout le monde ("regardez, il perce une dent, on aperçoit 2 millimètres de blanc !"), mais ça vaut vraiment le coup. Surtout la fin...en effet, grâce à Guy Delisle, je me suis tapé le culot de bouleverser mon itinéraire. (Qu'est-ce qu'elle va nous sortir encore...)

Je suis fière de vous annoncer qu'il me faut quelques jours à Yangon sur la fin du séjour pour une nouvelle idée euh...difficile à avaler, mais qui est de passer 3 jours dans un temple pour faire de la méditation. Je vous laisse un moment pour digérer l'idée (je vous laisse méditer) :D

Méditer, mais encore ?

Ca consiste à se lever à 3h du mat, à avaler son dernier repas à 11h du mat, et à se coucher à 21h avec entre les trois, de la méditation assise et en marchant (de 3h à 21h, donc) :D

Méditer, mais pourquoi ?

En même temps que la BD, je faisais ma B.A. (à la relecture, "BD" suivie de "B.A", ça fait un peu le B.A Ba du jeu de mot foireux bien que pas fait exprès) en lisant le bouquin d'Aung San Suu Kyi, lorsque les 2 ouvrages sont brusquement entrés en concordance (je doute que ce soit très français, dans le doute, on peut dire que c'est de la syntaxe birmane).

Et oui, Aung San et ses potes du mouvement démocrate y témoignaient de la méditation vipassana, qui les a aidés à tenir le coup lorsqu'ils étaient en prison. Parce que ça ne consiste pas à prier un dieu (c'est ça qui m'a plu :D) mais à se concentrer sur ses ressentis et à "développer sa conscience".

Dit comme ça, ça fait un peu secte ésotérique, mais pour résumer, il s'agit simplement de suspendre (non, pas son corps en lévitation dans l'espace) toutes les pensées qui nous agitent et à se concentrer sur ce que l'on fait, chaque mouvement, le toucher, le goût, la vue, etc. Par exemple, méditer en marchant revient à se dire: "mon talon touche le sol; mon talon redécolle..." Encore une fois, dit comme ça, y'a plus glam, mais il faut savoir que c'est toute une expérience qui dure 3 jours, au milieu des moines et des nonnes, et c'est comme ça que Aung San et ses amis ont surmonté l'enfermement et l'impuissance (cela dit, ça ne marche pas pour toutes les sortes d'impuissance).

L'idée, c'est d'oublier le passé, (votre rupture avec Alfred / Germaine, et vos 35 000 euro de découvert), d'oublier le futur (votre RDV bancaire au sujet du découvert et les messages d'Alfred / Germaine n'attendant que votre retour), afin d'honorer le présent (le sol sous vos pieds, l'air qui toque à la porte de votre narine et le doux parfum des cerisiers en fleurs - ou des poubelles, c'est selon-).

Quant à Guy Delisle, il a expérimenté la chose et a juste regretté ne pas l'avoir fait plus tôt, il a dit qu'on se sentait "apaisé et éveillé", un doux cocktail valium / ecstazy, j'imagine, et, ne m'étant jamais droguée, je me prends à rêver :)

Plus sérieusement, ce n'est pas une cure, ni une philosophie de vacances à tester pour s'amuser, mais un truc sérieux, qui me fout un peu les jetons (et si je m'ennuiiiie, pourrai-je dessiner des têtes à Toto sur les murs de ma chambre, et si ça me stresse, pourrai-je tabasser un moine ?), mais que je veux quand même tenter, parce que je le vaux bien (elle voulait dire: "parce que je le sens bien", ndlr).

Le dessin de la BD qui a fait le + penché la balance restitue l'ambiance: "chacun sous sa moustiquaire" assis en yogi dans une grande salle toute la nuit.

J'espère juste que de les voir si silencieux ne va pas encore plus me stresser.

Pour le moment, l'adrénaline va plutôt dans le bon sens (mode ébullition frénétique). Mais si la perspective de méditer en silence et en paix avec des moines et des nonnes m'excite comme une puce, c'est mal barré ;)

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